Cette année 2019, je me suis donné plusieurs objectifs concrets et, parmi ceux-ci, il y avait celui de participer à encore plus d’événements littéraires. Il faut dire que je suis membre de l’UNEQ depuis deux ans et que je n’ai pas participé à plus d’une ou deux occasions à leurs activités pourtant très variées. Il me fallait donc remédier à cela.
J’ai pris alors mon courage à deux mains et fait un trou dans mon agenda (déjà bien remplis) pour y placer plusieurs événements intéressants. Aujourd’hui, je vais vous parler des superbes rencontres que j’ai eues lors d’un speed dating pas comme les autres. C’est le vendredi 22 février que s’est déroulé l’atelier intitulé «Diversification des revenus pour écrivaines et écrivains». Un sujet fort pertinent, puisque, en tant qu’écrivain (et artiste), il n’est pas toujours facile d’obtenir un revenu stable et encore moins de gagner sa vie avec son art. C’est une question à laquelle je tente de répondre au quotidien et où les plus pessimistes nous rabrouent souvent les pires vérités : Est-il possible de vire de son écriture? Ou du moins de gagner un revenu conséquent et donc permettant de poursuivre cette pratique sur le long terme.
«Bonne question!» me direz-vous. J’ai donc enfilé mon baluchon et suis partie à l’aventure sans trop d’attentes, mais avec l’espoir de trouver réponse à mes nombreuses questions. Il faut savoir que je me considère encore comme une auteure débutante et que je suis très loin d’être informée sur tous les programmes, subventions et autres sources de revenus potentielles. J’allais donc l’esprit ouvert et un cahier de notes à la main.
Veut, veut pas, l’écrivain ne vit pas que d’amour et d’eau fraîche. Les factures s’accumulent vite et des sources de revenus additionnelles ne sont jamais de refus.
Il faut comprendre tout d’abord que le statut professionnel des artistes (S-32.01) ne prévoit pas de salaire minimum. La rémunération de l’auteur est donc plutôt variable et vient d’un compromis avec l’éditeur. Difficile ainsi de gagner sa vie avec l’écriture et d’obtenir un revenu stable. J’ai appris toutefois qu’il existe plusieurs moyens pour bonifier et varier ses revenus. Rien de moins! Alors voici une liste non exhaustive de sources de revenus pour les auteurs du Québec (et par moment du reste du Canada). Notez que chaque programme à ses conditions, il faut parfois résider sur place, parfois non, parfois renouveler son inscription annuellement, parfois non. Bref, c’est du travail tout ça, mais quand on reçoit un chèque au bout du compte, ça fait du bien au porte-feuille. 🙂
Trois écrivains sur quatre (78% ou 1180 personnes) ont obtenu en 2008 des revenus tirés d’autres activités que la création littéraire. Pour la majorité (61% ou 920 personnes), au moins une de ces activités était liée aux lettres.
— Observatoire de la culture et des communications, Les écrivains québécois. Portrait des conditions de pratiques de la profession littéraire au Québec, 2010, p. 61
Les 4 sources de revenus pour écrivains au Québec
1) Programmes de rétribution
Ces programmes sont ouverts à tous les auteurs du Québec et sont créés par des organismes à but non lucratif dont la mission est de payer les redevances en droit d’auteur. Il faut simplement s’inscrire à leur programme pour pouvoir réclamer votre dû, c’est pas plus compliqué! Et si une nouvelle publication venait à paraître, il faudra leur communiquer l’information pour qu’ils tiennent votre dossier à jour. Un chèque par année sera envoyé par la poste à votre nom. Ça ne se refuse pas.
- Copibec : Un nom qui doit dire quelque chose à pas mal de gens. Mais encore… Il s’agit de la société québécoise de gestion collective des droits de reproduction. Recevez un petit montant chaque année pour chaque titre inscrit à votre nom. Si un organisme, une école ou autre établissement venait à demander la reproduction (photocopie) de vos livres, vous recevrez un montant proportionnel aux nombres de copies. Ça vaut le coup d’essayer! En plus, les livres enregistrés dans la base de données deviennent disponibles à bons nombres d’institutions officielles.
Inscrivez-vous - Droit de prêt public (DPP) : le Conseil des arts du Canada verse des compensations aux auteurs pour tous les livres papier, livres audio et livres numériques mis en accès public gratuit dans les bibliothèques du Canada. Un montant sera accordé à l’auteur (co-auteur, illustrateur, traducteur, etc.) pour chaque titre inscrit et le nombre de fois que les livres ont été répertoriés (occurrence). Le calcule du montant total se fait pour les cinq années précédents la publication et ce pour les 25 années précédent la sortie d’un titre. 1 année pour 1 titre équivaut environ environ à 50$. Le calcule est rapide à faire.
Inscrivez-vous (avant le 1er mai)
2) Programmes de diffusion
Ce type est peut-être le plus connu du public puisque celui-ci est directement impliqué. On peut penser ici aux lectures, conférences et prestations en tout genre de la part des auteurs. Elles se donnent dans des salles de spectacles, dans des bibliothèques et même dans les salles de classe. Il est dit que cette source de revenue pour les auteurs correspond à près de 45% de leur revenu total comparativement aux 3 autres types.
L’UNEQ propose un programme de rencontres très intéressant pour les auteurs admissibles qui seront rémunérés. Voici quelques exemples:
- Tournées-rencontres : L’auteur peut organiser des rencontres dans les bibliothèques et organismes de diffusion culturelle. Seuls les membres de l’UNEQ sont admissibles. Les honoraires versés jouent autour de 250$ par rencontre.
- Parlez-moi d’une langue! Rencontrer des étudiants aux Cégeps et à l’université, ça vous intéresse? Les honoraires versés varient selon le type de rencontre : atelier ou conférence (400$); causerie (300$); table ronde (200$). Et tous les auteurs sont admissibles.
- La culture à l’école : Rencontres dans les écoles primaires et secondaires. Il faudra s’inscrire au répertoire des Ressources-culture-éducation. Les honoraires vont par paquets : 3 ateliers d’une heure avec groupe de 35 élèves OU 4 ateliers de deux heures avec groupe jumelé de 70 élèves (325$).
Inscrivez-vous avec l’UNEQ
3) Activités connexes
Le troisième type consiste à exploitez concernent plutôt les compétences et l’expertises avec l’écriture dans un domaine connexes tel que devenir membre d’un jury, réviseur, traducteur, membre d’un comité de lecture ou bien donner des formations en lien avec l’écriture.
- Le programme de parrainage pour les écrivains de la relève est un service offert par l’UNEQ. Chaque année, des écrivains sélectionnés sont jumelés avec un auteur plus expérimenté pour mener à terme un projet d’écriture. L’écrivain-conseil devra accorder son temps sur une période de 4 mois et rencontrer son élève au moins 4 heures par mois. Un rapport devra être rempli à la fin de la période de parrainage. La rémunération est de 2500$ pour l’écrivain-conseil. Si vous avez plus de 3 publications à compte d’éditeur et êtes membre de l’UNEQ, tentez votre chance durant la période d’inscription.
- Le Conseil des arts du Québec est toujours à la recherche d’auteurs (dans tous les genres) pour analyser les projets littéraires et évaluer leur admissibilité pour l’attribution de bourses. Si vous avez publié plus de 3 textes dans une maison d’édition à compte d’éditeur, vous êtes admissible en tant que jury.
4) Programmes de financement
Pour un projet d’écriture en cours, un besoin de recherche en résidence dans un domaine en particulier, il existe toutes sortes de bourses accorder par le Conseil des arts et des lettres du Québec ou du Conseil des arts du Canada. Quoi de mieux que de recevoir de l’argent pour écrire? Reste que les places sont limitées et qu’il faut remplir plusieurs formulaires et lettres de motivation pour bien justifier le fondement du projet. Ça vaut tout de même le coût si c’est pour réaliser le projet de vos rêves! Consultez leurs listes de bourses respectives pour voir ce qui pourrait vous intéresser.
Au final, je suis arrivée dans cet atelier speed dating avec une question: est-il possible pour un écrivain de vivre de sa passion, de gagner de l’argent avec l’écriture? La réponse finale est positive. Je suis donc sortie les yeux brillants et la tête pleine de projets. Certes, il faut s’atteler dans la paperasse et respecter les délais d’attente et d’inscription, mais, au final, je crois que c’est faisable. Je crois qu’il est possible au Québec de gagner de l’argent avec son écriture. Peut-être pas d’en faire un métier à temps plein pour l’instant, mais, du moins, d’arrondir ses fins de mois, de voyager par l’écriture et de contribuer à faire rayonner la littérature québécoise.
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